<h1>Noelfic</h1>

Revolution | Tumultus


Par : llbartabacll

Genre : Science-Fiction , Action

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 7

Publié le 17/05/16 à 22:24:25 par llbartabacll

Sourate #6 : Al-Anbiyā’

118ème Cycle – An 286

J’avais été suffisamment rusée pour gagner la confiance de mes pairs sans pour autant avoir l’arme à la main. Toutefois, ça n’enlevait pas tout ce poids sur ma conscience. Je me savais totalement responsable de ces actes… Ces quelques vies n’étaient que le début et, pourtant, il m’était déjà difficile de côtoyer cela sans pouvoir exprimer ce que je ressentais. Malheureusement, ce n’était que les conséquences de mon choix. La mort ne pouvait être évitée, causant moi-même ce que je voulais empêcher. Combien de vies disparaîtront devant mes yeux avant que je puisse en finir… ?
Le monde que je voulais me semblait être quelque chose de possible mais lorsque je voyais ce que notre nature était capable de nous faire faire, je me demandais si mes rêves ne resteraient pas seulement dans ma tête.En voyant toutes ces guerres qui avaient construit Gliese, je me disais que la Paix n’était peut-être qu’une comptine que seuls les enfants arrivaient à croire. Quelque chose qui s’évapore une fois qu’ils font face à la réalité… Alors pourquoi y croyais-je encore ?
"Aller jusqu’à bout de ses rêves." qu’il disait, mais à quel prix ? Jusqu’où serais-je capable d’aller pour voir le monde que j’imaginais…

« […] Déployer autant de troupes est nécessaire, ma Générale ? me demanda l’un des Chefs d’armée.
- Il faut parer à toutes les éventualités. Après tout, nous allons chercher le pouvoir absolu. Je ne pense pas que les Prophètes vont nous accueillir de façon amicale.
- Aux dernières nouvelles, les Prophètes ne sont toujours pas au courant pour notre venue.
- Ne vous en faites pas, ils savent très bien ce qui se passe. Le contraire serait étonnant, et encore plus venant de leur part.
- Devons-nous alors changer notre stratégie ?
- C’est inutile, continuez à suivre le plan à la lettre.
- Pardonnez cette question, mais cette stratégie d’approche ne vous paraît-elle pas… surprenante ? Surtout qu’elle va à l’opposé du plan initialement prévue par le Souverain.
- Disons que je l’ai convaincu qu’une attaque frontale causerait des pertes qui peuvent être évitables. Les Prophètes donneront l’ordre de riposter uniquement si nous nous montrons hostiles. Dans ce cas, faisons en sorte que le Souverain et les Prophètes se rencontrent à nouveau. Nous atteignons directement notre priorité et ainsi notre histoire commencera.
- Comment pouvez-vous être certaine que les Prophètes ne feront rien s’ils savent que nous arrivons ?
- Ils iraient contre leurs idéaux et, croyez-moi, ils n’ont aucune envie de franchir cette ligne. Préparez-vos troupes, qu’elles soient prêtes pour le départ.
- À vos ordres, ma Générale ! »

Malgré mes dires, cela me paraissait tout aussi surprenant que le Souverain ait entendu et accepté ma proposition. Depuis qu’il me pensait à ses côtés, il n’avait plus aucune raison de se laisser dicter par quelqu’un. Il se disait que tout ça était arrivé par ma faute, parce qu’il m’avait écouté, et, pourtant, il refaisait la même erreur ? Malgré cela, le Souverain n’avait pas hésité à me placer tout en haut de sa hiérarchie militaire. Il connaissait parfaitement mon potentiel une fois que je serais "libérée".
Néanmoins, Générale d’armée sonnait tellement faux compte tenu de la personne qui le portait. J’étais en charge de toutes les troupes de Genesis, du moins celles converties par le Souverain, qu’elles soient aérienne ou terrestre.Que ce soit faux ou non, je dépensais toute mon énergie à améliorer notre armée. Je le faisais à contrecœur mais mon implication gardait ma couverture en sécurité. Bien entendu que toute cette implication allait avoir des répercussions grave sur le peuple mais que pouvais-je faire d’autre ? Me ranger du côté du peuple et mourir en voyant l’armée de Genesis ou me ranger de leur côté pour manigancer puis frapper de l’intérieur ? Je ne cherchais pas d’excuses pour légitimer mes actes, ils étaient odieux et même moi le savait. Prendre le pouvoir absolu sur Gliese n’était, bien entendu, qu’un début, et qu’importe de quel côté je serais allé, des vies innocentes auraient disparu.

« Tout est prêt, ils nous attendent, exclamai-je au Souverain.
- Parfait ! Il est grand temps de libérer Gliese.
- Suivons le plan et ne fais pas quelque chose qui pourrait tout compromettre.
- Ça dépendra de ce que feront les Prophètes. Je ne vais pas rester les bras croisés s’ils osent passer à l’offensive.
- Bien entendu. Même si cela parait peu probable vu ce qu’ils disent sur la violence.
- Sait-on jamais, peut-être on-t-il comprit ce que je leurs disais, au lieu de parler, parler et encore parler. »

Arrivés au véhicule, nous embarquâmes avec le cortège qui se mit en route dès que la porte se ferma. Ce dernier se formait comme une parade : des troupes à l’avant, marchant au pas ; le véhicule où nous étions, situé pile au milieu, et d’autres troupes à l’arrière. Les soldats étaient nombreux, au point de ne plus entendre le bruit du véhicule… Chacun de leur pas résonnant dans ma tête. Les rues étaient particulièrement vides mais, au travers des fenêtres, je n’apercevais que des visages apeurés. « Tu te rends comptes que ton peuple souffre ? Qu’il a peur ? »dis-je au Souverain. Il préféra ne pas me répondre, détournant son regard de la fenêtre.
Les soldats à l’avant du véhicule se mirent à faire de l’espace au milieu, nous permettant de passer. Devant l’assemblée, le cortège s’arrêta, nous descendirent immédiatement. Les troupes prêtant allégeance aux Prophètes étaient déjà en position, armes à la main et viseurs contre nous. Le Souverain commença à lever le poing, faisant signe d’avancer nos troupes. Le voyant, je me mis à avancer vers l’assemblée afin de l’en empêcher, il n’eut d’autre choix que de me suivre.
Les soldats des Prophètes se poussèrent à notre passage. Ils récupérèrent nos armes et nous laissèrent entrer. Toujours devant lui, le Souverain tapota mon épaule avant de me décocher un coup de poing au visage. Tombant à genoux, il m’attrapa par le cou. « Au prochain excès de confiance, tu n’auras même plus de cerveau pour penser par toi-même » m’asséna-t-il avant de me jeter jusqu’au parloir. J’essayai de me relever mais il me plaqua au sol avec son pied.

« Vous ne respectez même plus vos propres soldats, Souverain ? demandèrent les Prophètes qui avaient assisté à la scène.
- Excusez-moi pour ce petit énervement, je n’aime pas que mes troupes prennent un peu trop leur indépendance, répondit-il en me forçant au sol.
- Nous savons tous le but de cette conversation, évitons donc de perdre du temps avec des futilités.
- Et bien j’écoute votre décision.
- À en juger par vos idéaux hautement centrés sur la violence, il nous est difficile d’aller à l’encontre des autres. Nous jugeons vos actes néfastes pour le peule de Gliese et il en va de notre responsabilité de décli- »

Le retentissement d’un coup de feu termina la conversation. Dans un silence d’église, quatre autres coups s’enchainèrent. « Tout ça allait encore finir en parlote » s’exclama le Souverain en rangeant son arme dans son avant-bras. Il me releva et demanda de vérifier les corps pendant qu’il quittait l’assemblée. Certains étaient affalés contre leur parloir, d’autres complètements sur le sol. Un seul semblait encore vivant, Suïnam. Trainant au sol, je pris son bras et le mis contre mon cou pour l’emmener dans une pièce voisine. Je pris la peine de l’asseoir lentement sur une chaise et fis de même pour moi, juste en face de lui.

« Pourquoi refuser alors que vous saviez que le Souverain allait faire ça ? lui demandai-je.
- Il est préférable de mourir pour ses convictions que de continuer à vivre en les trahissant, vous ne pensez pas ?
- Et maintenant ? Que va devenir Gliese ?
- Ce que souhaitait le Souverain Affân. Une société n’ayant qu’une seule parole. Non pas celle du peuple mais celle qui a le privilège de gouverner Gliese.
- … Que diriez-vous si une personne voudrait que cette parole soit celle du peuple ?
- Je lui dirai que tout est possible si elle a l’ambition de faire changer les choses, répondit-il en me regardant droit dans les yeux.
- Vu que les Prophètes sont morts. Tâchez de vous faire oublier, exigeai-je en partant.
- Ne vous en faîtes pas. Suïnam n’existe plus. »

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